Suite à mon action de la semaine dernière sur les bas-côtés de la Nationale 7, une réunion était organisée ce matin vendredi 6 avril 2012 à la Maison Départementale, à Montargis.
Les responsables du Département ont exprimé leur désapprobation par rapport aux agissements du Maire de Pressigny-les-Pins qui s’est permis d’intervenir sur la route gérée par le Département du Loiret, sans accord préalable, en risquant ainsi de mettre en danger les usagers de la route à grande circulation.
J’ai été invité à m’expliquer.
En tout premier lieu, j’ai exprimé mon regret d’avoir dégradé le bien public départemental. J’ai évidemment proposé de restaurer l’état des lieux rapidement, le temps d’organiser les travaux en relation avec le service départemental.
En second lieu, j’ai expliqué le contexte de mon action « impertinente » : les habitants de Pressigny-les-Pins et des autres communes, et notamment les riverains de la N7, sont en colère et ne veulent plus subir cette forme de prostitution qui se développe depuis plusieurs années. Il ya quelques semaines, à Pressigny-les-Pins, une prostituée était sauvagement agressée au bord de la route et conduite en urgence à l’hôpital. Depuis près de 10 ans, les habitants subissent la recrudescence du nombre de prostituée sur le bord de la route, dénudées, à pied, toute l’année, sous leurs fenêtres, dans les bois et chemins privés. Nous n’osons plus emprunter les chemins de randonnées pourtant classés au Plan départemental car ils sont investis par les scènes de prostitution et salis par les préservatifs abandonnés au sol !
En tant que maire, je considère que je ne peux pas rester les bras ballants ! Je dois faire quelque chose. Je suis responsable devant mes concitoyens. A ce titre, je dois soutenir la multitude de réclamations qui me parviennent, oralement ou par écrit. Encouragé par l’agacement de mes concitoyens, j’ai décidé d’agir. Certes, j’ai agi maladroitement dans un premier temps en sortant le tracteur et la charrue ! Je suis peu fier de la méthode, mais il faut reconnaître que cela a été terriblement efficace : les prostituées ont immédiatement quitté les abords de la route et les entrées de chemins, sauf sur le chemin privé situé près du Monument aux Morts de Pressigny-les-Pins. Vont-elles revenir sur les lieux lorsque j’aurai remis en état les bas-côtés ? C’est ma crainte. Mais j’ai d’ores et déjà obtenu l’accord des propriétaires privés pour poser des barrières et ainsi empêcher l’accès aux clients qui embarquent les prostituées. Parmi les actions que j’entreprends régulièrement, j’oblige désormais les propriétaires privés à clôturer leurs terrains exposés à la pratique de la prostitution. Quel paysage veut-on offrir à nos visiteurs ? Quelle image de la condition féminine donne-t-on aux plus jeunes générations (pornographie, violences) ? Que faisons-nous pour apporter à chacun des conditions minimum de sécurité (agressions violentes et régulières des prostituées) ?
La méthode que j’emploie n’est pas bonne… Mais le résultat a été très efficace (parce que les habitants et les maires des communes avoisinantes sont solidaires de cette volonté de produire un changement), d’autant plus que je n’avais absolument pas prémédité le retentissement médiatique, et encore moins fais aucun parallèle avec les élections à venir ! Encore une fois, j’ai agi spontanément, farouchement décidé à porter un soutien actif à mes administrés excédés qui expriment des attentes tout à fait légitimes. Tous ensemble, nous voulons mettre fin à cette exhibition insupportable d’une part, et veiller à la propreté de l’environnement des bois et chemins de randonnée d’autre part. Cela nous concerne localement chaque jour, toute l’année ! Le résultat, ce n’est pas seulement le départ des prostituées de notre commune, c’est aussi, et je m’en réjouis, le débat qui s’installe peu à peu avec les maires pour proposer des solutions durables et justes. Et là, tous les espoirs sont permis…
Ce matin, les maires et les gendarmes ont partagé les expériences vécues sur les communes avant d’envisager des pistes d’actions à mener, humblement à notre niveau. Humblement mais avec détermination ! Car si nous n’affirmons pas notre volonté d’agir et d’obtenir du résultat, nous ne pourrons que déplorer une perte de temps une nouvelle fois ! Nous avons l’habitude de rencontrer des hostilités ou des freins à l’action. C’est notre pugnacité qui produira le changement. Choisissons notre modèle de société plutôt que de le subir. Si nous voulons vraiment avancer nous trouverons les moyens ; mais si nous ne voulons pas faire, nous trouverons les raisons de ne pas faire.
Actions à mener (en résumé) :
1) L’action politique : nous avons décidé de solliciter notre député pour partager nos points de vue et suggérer vivement une évolution des textes légaux.
2) L’action civique : nous avons décidé d’inviter nos concitoyens à assumer leur part de responsabilité en allant porter plainte eux-mêmes à la gendarmerie à chaque fois qu’ils constateront de leurs propres yeux des actes d’incivilités tels que des scènes de prostitution, des actes de délinquance, des entraves à disposer librement de leur droit à la propriété privée.
3) L’action technique : nous avons décidé d’étudier la possibilité d’aménager une aire de stationnement qui serait dédiée à l’activité de prostitution et qui permette d’améliorer concrètement les conditions de salubrité et de tranquillité publiques.
4) L’action légale : nous avons décidé de solliciter une présence accrue et constante de la gendarmerie pour relever les infractions et appuyer la démarche des maires.
5) La communication : nous avons décidé de participer solidairement à l’initiative de la commune de Nogent-sur-Vernisson qui organise une manifestation publique le jeudi 10 mai 2012 à 16h (rendez-vous devant la mairie) en réunissant le maximum de personnes bénévoles pour ramasser les déchets abandonnés dans les bois et chemins aux abords de la Nationale 7.
A travers nos échanges, nous avons surtout visé les prostituées qui exercent « à pied ». Elles subissent complètement leur situation et sont régulièrement agressées. Nous voulons suggérer aux services de l’Etat de bien vouloir intervenir sur le terrain :
- Exiger la régularisation administrative et fiscale des prostituées qui exercent illégalement : pas de déclarations de revenus, pas de pièces d’identité.
- Exiger le respect de l’environnement et relever les infractions.
- Poursuivre et sanctionner les clients de ces prostituées « à pied » ; notre inaction est une forme d’encouragement et indirectement nous favorisons le développement de l’activité dans des conditions inacceptables dans notre société moderne.
- Solliciter un arrêté préfectoral pour interdire purement et simplement ce type de prostitution qui ne respecte ni les lois françaises ni l’intégrité des femmes ainsi exploitées par des réseaux étrangers : la prostitution est légale, le proxénétisme est illégal.
- Suggérer un débat national pour que cesse cette vaste hypocrisie sur le sujet de la prostitution : si la prostitution n’est pas illégale, alors elle est légale, et dans ce cas, elle doit être encadrée clairement comme toute activité légale ; nous devons avoir le courage de fixer les conditions de son exercice sur le territoire français, à l’image d’expériences vécues dans d’autres pays européens.
En conclusion, les maires sont solidaires dans la recherche de toutes solutions qui puissent contribuer à obtenir des résultats concrets dans l’intérêt de nos administrés, des visiteurs de notre territoire dont nous sommes fiers, et dans l’intérêt des prostituées qui revendiquent l’exercice de leur métier dans les meilleures conditions d’hygiène et de sécurité.
Un débat national est nécessaire pour orienter les décisions du législateur.
Brieuc Nicolas, Maire de Pressigny-les-Pins
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